Le 26 août 2022, l’équipe de Retournzy a réalisé une petite activité spéciale : Nous avons visité le lieu où sont enfouis nos déchets ! Et oui, cela ne sonne pas très sexy mais nous voulions en apprendre plus sur la façon dont nos déchets sont traités après que nous les ayons jetés à la poubelle… Sans plus tarder, on vous explique tout !
PRÉSENTATION DU SITE
Le site d’enfouissement de Terrebonne est le plus important site d’enfouissement technique au Canada et le seul de la Communauté Métropolitaine de Montréal. C’est ici qu’aboutissent les déchets ultimes des villes situées à proximité ainsi que 40% de ceux provenant de Montréal. En plus de l’enfouissement, la compagnie Enviro Connexions propose un service de déchetterie pour les citoyens de Terrebonne, gère le compostage de résidus verts et du bac brun d’environ 175 000 foyers via un bioréacteur anaérobie / aérobie séquentiel ainsi qu’une usine de gaz naturel renouvelable.
Entre 300 et 1000 camions arrivent chaque jour sur le site (déchets, matières organiques, résidus verts, etc). Dans les jours qui suivent le 1er juillet, ce chiffre peut monter jusqu’à 700 camions par jour !
ENFOUISSEMENT DES DÉCHETS
Photo 1 : pesée
Photo 2 : déchargement
Photo 3 : déchiquetage et compactage
Le site d’enfouissement technique de Terrebonne, d’une capacité autorisée d’enfouissement de 1 265 000 tonnes / an, accueille les poubelles des villes voisines et 40% du grand Montréal, située à 36,3km du site. Les 60% restants des déchets montréalais sont exportés à l’extérieur du territoire de la métropole vers 4 autres sites : Sainte-Sophie, Lachute, Berthierville et Saint-Nicéphore, situés respectivement à 63,8 km, 78,6 km, 79,1 km et 115 km de la ville de Montréal.
À son arrivée, le camion est pesé (photo 1) et passe au travers un détecteur de substances radioactives. Ensuite, le camion se dirige vers le site d’enfouissement afin de déverser son contenu sur le «front de déchets» (photo 2). Les déchets sont ensuite broyés et compactés sous les roues et le poids de volumineuses machines jaunes (photo 3) qui les aspergent aussi de neutralisant d’odeurs.
La compaction est telle que près de 1 tonne de déchets peuvent tenir dans un volume d’1 mètre cube.
À la fermeture du site, chaque jour, les déchets sont recouverts d’une couche d’un mélange de terres issues de chantiers de construction et de matériaux de recouvrement (dans leur cas, ils utilisent du “fluff” des résidus automobiles, composé principalement de plastique et de mousse de rembourrage déchiquetés, qui ne trouvent pas preneur sur le marché). Cela va empêcher que les déchets ne s’envolent, que des animaux viennent se nourrir et diminue les odeurs.
Photo 4 : Vue en coupe d’une cellule d’enfouissement (Source : Enviro Connexions)
Le saviez-vous ? Le site d’enfouissement possède sa propre équipe de fauconniers qui s’occupe, à la journée longue, d’éloigner les goélands attirés par les déchets et qui peuvent être un peu trop encombrants (jusqu’à 4000 goélands sur le site à la fois ont pu être observés dans le passé) et rendent difficile voire dangereux les opérations sur le site! Nous avons eu la chance de rencontrer l’un des fauconniers avec son partenaire à plumes !
TRAITEMENT DU LIXIVIAT ET CAPTAGE DES BIOGAZ
Un site d’enfouissement technique n’est pas appelé “technique” pour rien. Enfouir des déchets n’est pas anodin pour l’environnement et des mesures sont donc importantes pour en diminuer les conséquences néfastes.
Entre autre, des installations sont nécessaires afin de traiter les eaux de ruissellement issues de la pluie et de la neige qui créent un beau «jus de poubelle» et pour capter les gaz émis par la décomposition anaérobie (sans oxygène) des déchets.
Lorsqu’il pleut ou qu’il neige, l’eau s’infiltre dans les tranchées étanches d’argile où sont enfouies les matières résiduelles. Ce «jus de poubelle», appelé lixiviat, est récupéré grâce à des drains perforés au fond des cellules d’enfouissement pour être acheminée vers trois bassins de décantation (photo 5) où l’action de l’oxygène et des bactéries vont amener ces eaux à un niveau de propreté très acceptable. Une fois le traitement terminé, cette eau est acheminée vers l’usine d’épuration municipale de Terrebonne-Mascouche pour un nouveau traitement avant de pouvoir être relâchée dans le fleuve.
Photo 5 : traitement du lixiviat
Photo 6 : traitement du biogaz
En plus du lixiviat, les montagnes de déchets créent un autre extrant important : du biogaz (photo 6) ! Les déchets produisent naturellement un gaz produit par les microorganismes lors de la digestion lorsque celle-ci se fait en l’absence d’oxygène. Ce biogaz (composé à environ 58% de méthane et 41% de gaz organiques) est récupéré et lavé afin de ne garder que le méthane qui sera compressé et injecté dans le réseau de pipeline de Transcanada et pourra alimenter l’équivalent de 23 000 foyers !
COMPOST ET DÉCHETTERIE
On retrouve deux types de compost : les résidus verts (branches, feuilles, etc.) qui sont traités à l’air libre (sous forme d’andains régulièrement retournés) afin d’en faire un “terreau” qui est offert aux agriculteurs, services municipaux et aux citoyens.
Et les résidus alimentaires, qui eux, sont recouverts et traités de façon anaérobique (sans oxygène) afin de créer du compost utile aux terres agricoles. Pendant le processus, ils produisent eux aussi du biogaz ! Tout comme le biogaz des matières résiduelles, il va être valorisé afin d’être transformé en source d’énergie.
Finalement, le site de Terrebonne propose un service de déchetterie afin que les citoyens puissent apporter des déchets qui ne vont pas dans les poubelles tels que des déchets de rénovation, gros électroniques etc., qui seront valorisés au maximum par Enviro Connexions. Ce service est cependant payant pour les particuliers qui ne résident pas à Terrebonne et Mascouche.
NOS IMPRESSIONS
« Nous voilà perchés sur 35 mètres de déchets compactés »
restera sans doute une des phrases marquantes de notre visite. L’immensité du site sur laquelle se dessinent au loin, tous petits, les camions poubelles déversant leur contenu que la machinerie lourde viendra compacter dans les secondes qui suivent et le cortège de camions incessant qui circule sur les voies menant au front de déchets; font réaliser à quel point notre société produit une quantité astronomique de déchets et représente bien l’immensité de la problématique à laquelle nous devons collectivement faire face !
Nous ne pouvons rester indifférents face aux millions de tonnes de déchets sous nos yeux qui ne disparaîtront jamais…
Nous étions cependant très contents d’avoir pu en apprendre plus sur tout le processus de gestion des déchets, partagé en toute transparence par notre guide du jour, que nous remercions pour son temps.
Comme le dit si bien notre guide André Chulak, coordonnateur aux communications chez Enviro Connexions : «nous ne créons pas de déchet sur notre site, nous tentons de les gérer le mieux possible». Et on doit avouer que l’entreprise le fait plutôt bien, d’après ce que nous avons pu voir, afin de limiter autant que possible les impacts de leur activité sur l’environnement et le voisinage alentour.
Si le site de Terrebonne a une gestion consciencieuse de nos déchets, ce n’est malheureusement pas le cas partout…
Chaque déchet a été un objet qui a nécessité l’extraction d’une ressource, émis des GES par son transport avant et après sa consommation et qui mettra des centaines voire des milliers d’années à se dégrader.
RÉDUIRE À LA SOURCE, C’EST LE SECRET
Comme le dirait André Chulak, «les déchets, il y en aura toujours mais ce qui permettrait de réduire l’ampleur de la problématique, c’est si les gens pouvaient réduire à la source la quantité de déchets générés». Nous ne pouvons être plus en accord avec ses propos! C’est d’ailleurs dans cet unique but que notre équipe oeuvre chaque jour à faire ce qu’on fait, avec passion et vigueur.
Cependant, nous ne pourrons pas à nous seuls faire LA différence et c’est pour cela qu’il est important que chacun d’entre nous fasse des petits gestes au quotidien afin de limiter son impact et sa quantité de déchets générés. Protégeons cette terre qui n’est pas seulement la nôtre mais celle de tous les organismes vivants et celle de nos futures générations !
La règle des trois «R» pour limiter ses déchets :
Réduire à la source
Réutiliser et réparer
Recycler
- Réduire à la source
La première action afin de réduire ses déchets est simplement de réduire à la source. C’est par exemple dire non aux sacs en plastique, aux ustensiles à usage unique, privilégier les produits qui ne sont pas emballés (surtout les fruits et légumes), mettre les restes d’un repas dans un contenant hermétique au lieu d’une assiette recouverte d’un film plastique etc. Mais c’est aussi valide pour tous les autres objets que nous achetons.
- Réutiliser et réparer
Une autre façon de diminuer ses déchets est de réutiliser le plus possible ce qu’on a avant de jeter ! Et la meilleure façon de le faire, c’est en utilisant des objets durables ! Par exemple, vous pouvez réutiliser un sac en plastique mais un sac en toile tiendra plus longtemps dans le temps. Ensuite, privilégiez la réparation au remplacement ! Vos poubelles et votre portefeuille vous remercieront !
- Recycler
Tout ce qui se trouve dans votre poubelle noire ne sera pas triée, tout va directement dans le site d’enfouissement ! Veillez alors à jeter vos déchets dans les bonnes poubelles et à mettre au recyclage ce qui peut y aller. Vous permettrez à ces déchets d’avoir une seconde vie !
RESSOURCES SUPPLÉMENTAIRES :
- Application Ça va où ? de Recyc-Québec
- Vidéo de présentation du site d’enfouissement de Enviro Connexions
Crédit photo de couverture : Enviro Connexions